[Gilel][Humains][BLACK MARLINS]

 

Un léger vent faisait onduler ses cheveux et sa barbe alors qu'il descendait d'un pas calme mais décidé le chemin qui menait vers de LUZEAN. Le ciel était radieux, le soleil encore chaud faisait miroiter les eaux calmes du port. Les haubans claquaient doucement dans la brise ponctués de ci de là par les cris des marins en train de préparer un départ.
L'homme franchit la porte de l'enceinte fortifiée. La sentinelle se redressa, brandit sa hallebarde mais l'abaissa en le reconnaissant. D'un simple signe de tête elle lui fit signe que le passage était libre. Un sergent d'arme, à l'ombre sous la porte voutée menant à la salle des garde lui fit un salut respectueux.

Ses bottes martelaient les pavés polis par les multiples passages des charrettes. L'homme s'arrêta pour contempler la foule bigarrée qui vaquait à ses obligations : les cris des enfants se mêlaient aux harangues des chalands. Les caquètements furieux de la volaille poursuivies par des chats efflanqués répondaient aux rires joyaux des femmes.
L'homme sourit tout en aspirant les effluves de la ville comme un nageur aspire l'oxygène . La fragrance du parfum des épices mêlée à des odeurs moins ragoutantes attirait irrémédiablement le promeneur vers les quais rappelant que Luzean commerçait avec toutes les contrées du vieux monde.

Pourtant tournant le dos au port, l'homme rejeta sa cape sur ses épaules, révélant le manche d'une hache de bonne taille qui pendait le long de sa jambe. Ce simple geste provoqua quelques remous parmi les gredins qui s'étaient rapprochaient et voyaient en lui , qui un futur repas, qui la promesse de quelques beuverie, une fois délesté de sa bourse. L'humain les toisa d'un regard hautain et partit d'un bon pas vers les oriflammes qui flottaient au loin.

Alors qu'il était presque arrivé à destination, il stoppa sa marche en entendant les pas d'un cheval. Les fers claquaient sur les pavés . Il se retourna comme le cheval s’arrêtait près de lui.
- Content de vous revoir Gilel, lança le cavalier.
- Je vois que tes espions sont très efficaces Roht, pardon Gouverneur Roht.
Gilel fit une révérence vers son ami.
- N'en fait pas trop va, lui répondit le gouverneur en descendant de l'animal. Je t'accompagne, ajouta t il.

Les deux hommes cheminèrent en silence épaules contre épaules, Roht tirant le licol de son cheval derrière lui. Ce cheminement faisait remonter en eux les évènements de la Longue Nuit des Marlins . Pourtant les mots étaient inutiles , le souvenir seul avait une importance afin de célébrer la mémoire des amis tombés ce soir là.

- Il sait que tu reviens , s'enquit Roht alors qu'ils approchaient du club house des Marlins.
- Non, répondit laconiquement Gilel.

Il n'avait pas envie de parler. Pas encore. Le temps viendrait pour les discours, mais là, il avait juste envie de cheminer tranquillement parmi les rues de Luzean. Ca et là subsistaient quelques traces des combats à travers un bâtiment effondré, jamais reconstruit mais désormais mangé par la végétation ou ces poutres noircies par les flammes. La ville portuaire s'était relevée. La légende de sa résistance avait attiré nombres d'aventuriers, de marchants mais également de marins désoeuvrés , des nains, des elfes, des halflings même. Gilel crut même voir quelques semi orques parcourir furtivement les rues les plus sombres qui partaient des artères principales.
Et puis, tout d'un coup , la ligne des masures s'arrêta net pour donner sur une place. Au centre , la statue d'un Marlin bondissant , son épée brandie, sa nageoire caudale hérissée accueillait les visiteurs. Derrière se dessinait la brique rouge du club house des Marlins.
Gilel fut saisit par cette vision et se retourna lentement vers Roht ;
- Que ?, parvint il à bredouiller.
- Il était normal de leur rendre hommage non, tu ne crois pas. On est bien d'accord qu'il ne s'agissait pas de la plus belle et de la meilleure des équipes de Blood bowl, mais ils ont su défendre la ville et casser de l'orque avec emphase et enthousiasme, non ? lui répondit Roht.
- Certes on peut voir ça comme ça, lacha Gilel.
- Je te laisse, je reviens dans quelques heures. ... Content de te revoir parmi nous, ajouta Roht dans un souffle avant de remonter sur son étalon et de tourner bride.

Gilel pénétra dans le club house. La porte avait été remontée de bric et de broc afin de garder les traces de ses multiples éclatements successif. Gilel refoula l'idée d'y mettre un grand coup de hache, histoire de lui rappeler que tel était la coutume quand survenait un évènement extraordinaire.
Après tout, nul orque n'était en vue. Pas de tempête ou d'attaques de morts vivants. La porte avait droit à un sursis.
La fraicheur des lieux l'assaillit, provoquant un frisson le long de son échine. L'odeur de cuir des fauteuils club se mêlait à celle plus entêtante de la cendre froide. Le soleil jetait de ci de là quelques taches de lumière à travers les claustras des fenêtres.
Nul être de semblait vouloir contester aux choses la contemplation du lent écoulement du temps.
D'un pas désormais plus assuré , après avoir refoulé l'émotion que lui procurait le retour dans ces lieux, Gilel traversa le club house afin de sortir par l'accès donnant sur le terrain d'entrainement qu'il avait aperçu par les fenêtres donnant sur l'arrière.

La luminosité le fit ciller des yeux , l'éblouissant quelques instants. Des cris et des rugissements l'assaillirent également. Sa vision s'étant acclimatée , il se demanda quand même s'il n'avait pas franchit une barrière temporelle. Des joueurs s'échinaient sur des exercices de passe, de blocks, de plaquages, sous les hurlements et les invectives d'assistants qui ressemblaient plus à des sergents recruteurs qu'à des entraineurs de blood bowl.
Gilel s'approcha doucement de la barrière jouxtant le stade, appréciant à leur juste valeur quelques exercices consistants pour des joueurs à trouver la meilleure manière de placer une fourchette à travers la visière de leur vis à vis. On faisait dans l'harmonieux et la délicatesse visiblement.

Une silhouette précédée par un ventre, ou supportant un ventre proéminent c'est selon, appuyée sur une canne houspillait les joueurs qui redoublaient d'ardeurs .
Gilel s'approcha doucement de Blanc'oh :
- Joli camp d'entrainement ...
- Quoi ?
- Sympa d'avoir construit un stade dans la colline derrière le club house : le bar n'en sera que plus prêt.
- Put'n , Gilel !
- Et ouais, suis là , comme tu peux le voir. Content de te revoir aussi.
- Bon sang tu es revenu, dit Blanc'oh en le serrant dans ses bras, accompagnant le tout d'un bon coup de canne.
- Il semblerait bien oui, enfin si tu ne me tues pas avant. .
- C'est pour moi ? Pour l'équipe ? Pour les Marlins ?
- Non. Pour du 16 ans d'âge, ajouta malicieusement l'ancien coach des Marlins en sortant une bouteille des pans de sa cape.
Blanc'oh lança un regard concupiscent sur la bouteille mais sut se maitriser.
- T'en a mis du temps !
Gilel ne voulut pas s'engager sur la pente glissante des explications et changea aussitôt de juger en regardant les oriflammes qui encadraient le terrain d'entrainement.
- Tu es revenu aux anciennes couleurs. Fini les Green, Black, Pink Marlins ?
- Oui comme tu peux le constater, retour aux sources. Retour aux anciennes valeurs et à l'ancien roster.
- Faudrait pas trop revenir en arrière, il n'y a pas eu que des moments glorieux ... y en a t il eu d'ailleurs ?
- Mais oui, mais oui; des hommes glorieux en tout cas.
- Des morts glorieux je dirai. Et sinon, tu as quelqu'un pour diriger tous ces gaillards plein d'ardeurs, dit Gilel en reportant son regard sur le terrain.
- Oui.
- Ah et je le connais ?
- Oui.
- Mais encore ?
- Bright, le coach brillant ça te dit quelque chose ?
- Ah ? Non ? Il a décidé d'entrainer des humains ?
- Mais non. J'avais besoin de finances pour remonter le club, alors j'ai franchisé la franchise.
- Tu as franchisé la franchise ? Original.
- Bright a décidé de mener les Green Marlins vers la gloire.
- Ah, tu fais dans l'écolo maintenant ?
- Mais non, il a juste mis la main sur une tribu de peaux vertes qui avaient décidé de vérifier eux aussi la légende du slip maudit avant qu'ils n'atteignent le port et les a convaincu de monter une équipe pour s'attirer les bonnes grâces de Mork , qui leur révèlerait les secrets du Slip Maudit !
- Tout un programme.
- N'est ce pas ?
- Mais alors ces gars là, qui les entrainent ?

Blanc'oh ne répondit pas mais fit signe à un grand gaillard qui houspillait ses coéquipiers. Tout en retirant son casque le blitzer s'approcha d'eux.
- Salut Coach, content de vous revoir.
- Salut Harry, ça va comme tu veux , ta femme aussi ?
- Ca gaze coach. Vous les trouvez comment les petits gars ?
- Y'a du potentiel , dit Gilel en laissant trainer son regard sur les joueurs à l'entrainement. Ils feront de bons joueurs.
- Et bien ils sont tout à toi, mon gars. s'écria Blanc'oh arborant un immense sourire qui éclairait sa bobine.
- .... ?
- Oui Coach , vous avez devant vous : Les MARLINS NEXT GENERATION . Ils sont fin prêts et n'attendent que vous. Comme au bon vieux temps.
- Ouais comme au bon vieux temps murmura Gilel en reportant son regard sur le cimetière des Marlins qu'il apercevait au loin, ouais comme au bon vieux temps.